mercredi 28 novembre 2007

Un peu de paix

Parfois, on attend trop longtemps avant de parler. On garde les mots serrés dans nos poings, par peur ou par colère. On garde les mots sans penser à quel point ils pourraient être libérateurs pour l'autre comme pour soi. On attend des jours, des mois ou même des années, on laisse leur pointe tracer des arabesques complexes à l'intérieur, on se gruge le tour des ongles à chercher comment les sortir. On pleure de rage ou de dépit, on s'escrime à les murmurer cent fois la tête pesante sur l'oreiller, on perd notre regard à force de le tourner vers ce recoin caché en soi alors que la lumière est plus souvent dehors. On se crée alors un monde d'images qui ne ressemblent que très peu au réel, on invente des pensées qu'on accroche comme des cons aux commissures de l'autre, en pensant à tors qu'on a raison.

Il vaut mieux s'asseoir et parler, ou écrire fébrilement la nuit pour offrir un fleuve le matin venu, un cours bouillonnant de phrases qui lavent les échecs ou les tristesses. J'ai reçu ce matin un message coulant comme un onguent tiède qui apaise beaucoup de choses. Je l'ai relu en boucle pour en capturer toute l'importance. J'ai laissé mes idées fausses exploser une à une et sortir de ma tête. En pleurant de soulagement, j'ai aussi laissé l'idée de la paix s'installer en moi. Je n'y suis pas encore tout à fait, mais une chose est sûre, mon coeur pèse beaucoup moins lourd.

Je suis contente et rassurée.

vendredi 16 novembre 2007

Comme toi

Je t'attends en fumant et mon souffle s'enroule dans mes boucles, j'ai le menton levé, le regard de l'autre côté du boulevard, les pieds dans les nouvelles bottes qui compressent mes orteils et qui craquent encore un peu en faisant les 400 pas. La porte est fermée, la buée m'empêche de voir et en plus, il y a des rideaux opaques qui ne laissent rien passer. Tu ne m'as pas vu hier, tu ne me regardes pas encore aujourd'hui, tes pupilles s'enrayent toujours à 2 mètres de moi et elles dévient vers la foule sur le trottoir. Ta voix au téléphone comme dans un tunnel rempli de néons qui crépitent en silant de plus en plus fort, les images de nous qui reculent en hurlant comme des harpies. Fût un temps ou tu collais à ma peau quand tu cherchais refuge, où tu sonnais à plus d'heures pour te glisser là, où tu riais en serrant ma nuque. Là, je t'attends, mais je pense que je vais arrêter de le faire. Je vais juste me tenir là en fumant et laisser mon regard dévier ailleurs. Comme toi.

dimanche 11 novembre 2007

À bâtons rompus

Ce soir avec un ami, nous avons discuté de la colère. De la vraie, celle qui nous fait éclater sans contrôle, disjoncter, hurler et souffler, celle qui fait que les autres ont soudain peur de nous. J'ai beaucoup de mal avec la colère. Elle me fait fuir. Je déteste les cris, les portes qui claquent, les conflits de toutes sortes, autant les banales escarmouches du quotidien que les accrochages plus profonds des relations qui tournent soudain très mal. Je sais que les disputes sont saines, qu'elles permettent de remettre les pendules à l'heure et d'extraire les tensions. Mais c'est un sentiment tellement accaparant, tellement brûlant, aussi, que je tente toujours de l'éviter et de le repousser pour me protéger de ses longues griffes pointues. Je l'haïs depuis que je suis toute petite et que je l'avais imaginé comme un monstre qui enfle pour prendre toute la place dans le ventre. Quand mon ami m'a demandé si je fais de vraies colères, parfois, j'ai répondu à la blague que je suis trop bien élevée pour ça. En y réfléchissant, ce n'est pas si faux. J'en ai parfois envie mais je me retiens par peur de dire des choses incorrectes, de dépasser ma pensée, de montrer le côté sombre de moi, de commettre des actes qui me feraient perdre quelqu'un ou la face devant les autres. Je préfère me taire et réfléchir, redescendre de mes grands chevaux, rester polie et discuter. Ou bouder, je l'avoue. Il paraît que c'est un comportement typiquement féminin...


Et vous, pétez-vous les plombs solide parfois? Comment gérez-vous la colère, de quelle façon elle s'exprime, comment vous la sublimez?

vendredi 9 novembre 2007

Réminiscences3

Ce soir, je retourne dans un endroit que je fuis depuis des mois. Il y a des appels d'air, soudain dans ma tête, et des odeurs persistantes du temps où les certitudes étaient cramponnées à toutes les minutes où son rire se fracassait entre mes tempes. Son parfum remonte en spirale dans les méandres de ma mémoire olfactive, la sensation est tellement précise que les cils de ma peau se dressent. Les souvenirs affluent depuis que j'ai pris la décision d'y aller. Des images que je calfeutrais pour ne pas appeler inutilement la nostalgie. Ça donne des crampes et ça plombe le plexus, j'ai remarqué que la nostalgie me fait mal. Et aussi qu'être amoureuse me manque parfois, comme en ce moment précis. L'amour est sorti de moi et c'est comme si une autre personne me quittait.

Entrer là-bas me rappelera beaucoup de choses.

mercredi 7 novembre 2007

Monamant 2

Je ne vous trouve pas très curieux sur le passage de Monamant à Rimouski. Vous ne voulez pas savoir? Hein? Mmmmmmmm? Je vais vous le dire quand même: IL N'EST PAS VENU! Encore une fois. Voilà. "Mais pourquoi? Pourquoi?" me demanderez-vous sûrement. Parce que cette "relation" est comme une éternelle attente de quelque chose d'indéfini; nos deux coeurs sont sur pause pour des raisons évidentes autant que très intimes. Sa vie est compliquée et son travail est très prenant, il est comme le Mistral, pas l'auteur, non non, mais comme ce vent fou de Provence qui arrive en tourbillonnant de partout comme un bourrichon et en s'épivardant en rafales désordonnées. Ma vie n'est guère plus simple, nous en conviendrons. Je suis comme la Tramontane, moi, cet autre vent (pour rester dans le thème, hehe)qui se propulse en ligne droite en glissant sur les Pyrénées comme un dingue. Pour avoir connu les deux, je vous dirais qu'ils ont de la personnalité, ces vents fous. C'est pourquoi les Provençaux les ont baptisé avec déférence. Ils sont vivants en diable. Mais ils se rencontrent rarement. La morale de l'histoire, c'est qu'on se verra une autre fois, Monamant et moi. Je n'ai donc rien de torride à vous raconter. Dommage, je me sentais en verve, question croustillance.

J'en ai donc profité pour rencontrer des individus fort sympathiques que je voyais toujours dans les salons mais à qui je n'avais jamais parlé pour des raisons obscures. J'ai assisté au lancement de la collection Coups de Tête (dirigée par Michel Vézina)en compagnie de Stanley Péan que je n'avais pas vu depuis trop longtemps, et j'ai rencontré Elise Turcotte, dont j'ai acheté le dernier livre "Pourquoi faire une maison avec ses morts" pour offrir à maman, je vous expliquerai pourquoi une autre fois. J'en ai profité pour me munir de son premier roman intitulé "Le bruit des choses vivantes" (n'est-ce pas un titre magnifique?), qu'elle m'a gentiment dédicacé puisqu'on s'est entendues comme larrons en foire, toutes les deux. Elle est géniale, cette femme. Dynamique, drôle et énergique, elle a aussi une grande sensibilité et un regard franc. Il me tarde déjà de la revoir à Montréal la semaine prochaine.

Hier soir quand je suis arrivée chez moi, j'étais fourbue du corps et de la tête. Je n'avais qu'une idée après m'être tapé 900 kilomètres en deux jours et des réunions au bureau: prendre une douche bouillante, m'habiller en confo et m'ouvrir une bouteille de vin. M'asseoir devant mon ordi, faire ma tournée des blogs tranquillement, répondre à mes courriels et me coucher tôt. J'ai dormi sans m'éveiller, pour la première fois depuis 10 jours.