mercredi 29 avril 2009

Sur la Côte 2: Métissage et autres visages détonnants

Ils sont le portrait de ce que je préfère. Parfois, lasse de les traquer, j'ai toqué en souriant sur leur épaule et ils se sont tout de suite prêtés au jeu. Ils aiment qu'on s'attarde à eux. À ceux qui riaient de ne me voir qu'avec mon appareil photo entre les mains, je disais que c'est ainsi qu'on se souvient de ceux qu'on croise. Il faut les observer pour trouver la lumière qui leur va, mais surtout le visage qu'on veut leur garder. À travers l'objectif, je pose la main sur eux. À défaut de pouvoir les caresser, c'est ma façon de leur donner de la tendresse.





































mardi 28 avril 2009

Sur la Côte 1: Crapahuter dans le soleil

Dimanche matin, un très grand latté dans les mains. Je suis partie explorer les côtes avant l'ouverture du salon du livre. Je pensais à chacun de vous en prenant ces photos. Alors que je m'accomode très bien de la solitude, je n'avais pas envie d'être la seule perchée sur les falaises, ou clopinante dans les sentiers de sable à la rencontre de l'infini. Je suis tombée amoureuse de la lumière, au nord du 50ième parallèle. Le vent est tel l'amant transit, la mer est l'éblouissance incarnée. J'étais envolée. Je le suis toujours. Haute perchée sur les rochers, logée dans un corps trop petit où il n'y a pas assez de place pour l'enthousiasme des voyages et l'absolue liberté des fuites temporaires. Vous étiez avec moi.













mercredi 22 avril 2009

Revenir enfin, mais de loin

Me voilà rendue au bout du monde. Ou presque. J'ai longé pendant deux jours des côtes arrondies dans le soleil luisant, la mer létale, engourdie par le travail de la renaissance de ses eaux, les restes d'icebergs figés sur les grèves, les lacs encore gelés des hautes collines du nord. L'excitation me faisait prendre les courbes sur les chapeaux de roues, freiner brutalement pour aller m'accrocher aux parapets, sortir l'appareil photo aux 10 kilomètres et chanter des ritournelles bêtes qui me tournaient en boucle dans la tête. Les plages blondes se faisaient lécher par l'écume dessinée des courants, les vagues laissaient des traînée de broue qu'on les aurait dit bavant telles des hystériques en crise.

Le siège d'en avant était bien vide sans toi à mes côtés. Non pas que j'aie l'habitude que tu y sois, mais je fais ce rêve récurrent que tu voyages avec moi. En fait, depuis des mois, tu es là partout où je vais. Je bavarde avec toi, je soliloque sur le ciel, le vent, la route, les arbres, les granges échouées et tout ce que j'aimerais que tu aimes avec moi. Il y avait ces canots de glaces déposés comme des chaînes sur des écrins, ce fleuve lisse où se pavanaient les rayons tombants, ces villages aux noms improbables. Je les prononçais à voix haute pour les sentir rouler sur ma langue. J'étais ravie aussi par les noms des soeurs de ma rivière qui repoussaient de leurs bras endormis les glaces trop pesantes en les laissant en pagaille sur les îlets.

Mon coeur restait suspendu au sommet des côtes d'où je voyais la neige hérisser les sommets au loin (de là où j'étais, on aurait dit du sucre en poudre), les forêts infinies, les lacs en enfilade bordés de chalets immobiles et claquemurés. C'était vraiment beau. Le menton dans le vent, les espadrilles dans le sable des bas côtés, les cheveux n'importe où, je vivais ma route avec un bonheur qui revenait me prendre en levrette après le silence moite des derniers mois d'hiver.

J'ai avalé les kilomètres jusqu'à Sept-Îles. À l'arrivée, une clarté mélancolique de novembre, la neige fondante dans le pare-brise, les rues construites au carré comme à Montréal, les lumières de l'Aluminerie géante sur la berge en face, une autre chambre d'hôtel et l'impression d'entendre ta voix comme dans un cornet de sourd qu'on poserait à l'envers près du tympan. Même à Gaspé ou à New Richmond, je ne me sentais pas aussi loin qu'ici. J'aimerais qu'on m'accorde un après-midi pour m'évader jusqu'à Havre-Saint-Pierre, tant qu'à y être. C'est dingue. Pour la première fois, je réalise à quel point notre Québec est grand. Et vraiment émouvant.