lundi 21 juillet 2008

Au Cap 7: Détails (ou comment apprivoiser la bête...)

Mes yeux changent. La lumière change. Et les détails ne sont plus au même endroit. Après les premiers tâtonnements, je me sens déjà transportée dans tous les univers possibles... et ça me fait tourner en bourrique!












jeudi 17 juillet 2008

Pleine lune (bis)


J'ai envie de prendre une échelle et de monter là-haut. On pourrait s'installer sur des matelas dans les remugles de paille avec un tas d'édredons; on apporterait une ou deux lampes de poche, des Goglus et des morceaux de chocolat. Nos têtes ne tiendraient pas debout, on pourrait se rouler dans la poussière et tu bavarderais sur ma peau. Tu dirais des mots nus, des mots crus que tu me laisserais ensuite décliner en haletant dans l'obscurité. Tu me demanderais de parler, d'avancer comme dans les herbes humides en trébuchant, tu voudrais que je me mouille et que je sue. Tu irais chercher dans l'obscurité la veine battante sur mon poignet et celle plus nette dans mon cou. Tu te retiendrais à leurs pulsions jusqu'à ce que mes yeux trahissent tout à fait ce que je ne dirais jamais hors d'ici. Jusqu'à ce que l'espace autour rétrécisse assez pour que tu glisses sur moi, pour que tu entres en moi. On ferait l'amour en dessous du toit et au-dessus du vide, ta sueur prendrait l'odeur du bois, je suivrais les noeuds de ton ventre et de tes bras. Il y aurait des cheveux et de la sève partout, du chocolat fondu, de la salive et des larmes (les miennes, probablement). Comme des écluses pour laisser passer les vagues et les pics, mais aussi toutes ces lames brûlantes qui déferleraient sur ma peau à cause de ta langue et de tes doigts. Il ferait très chaud, là-haut. L'air ne passerait plus ailleurs qu'à travers nos soupirs. Tu ouvrirais la porte d'un coup de paume et tu me plaquerais la tête dehors. J'aurais des mèches collées sur le front. Toi, tu répondrais au hibou en hululant, pour rire.

jeudi 10 juillet 2008

Orgasmes multiples

Le brouillard ce matin. À couper au couteau, à ratisser des ongles, à crier de dépit en tapant sur le volant. Le petit matin solitaire sur la route côtière. Isolée dans le smog marin, enroulée dans la buée crachée par le ciel au visage de la mer ou l'inverse, sait-on jamais. Déçue de rater le visage de l'Indien, celui qui est accroché aux falaises, vous savez? Ce faciès de peau rouge taillé dans le roc par le vent, la tête rejetée vers l'arrière (Peut-être Doodle aura plus de chance que moi. Tu me le prends en photo stp?). Ratés aussi, les villages essaimés, les lancers de flèches direct dans le coeur au détour des courbes ivres, les granges assommées, les plages ocre. À Percé, je me croyais aveugle. Peut-être que je l'étais vraiment. Ou qu'un loubard avait volé le Rocher. Disparu, le grand mur troué. Je suivais les lignes jaunes en me mordant les lèvres et en implorant que la brumaille se déchire pour me laisser voir ne serait-ce que de rares lambeaux de côte. Mes phares traçaient des sillons dans lesquels je glissais les roues en tenant le volant seulement d'une main, le café fumant dans l'autre. La chaleur sur les jambes, j'attendais le tournant qui me dévoilerait la mer comme une surprise. À peine 8h et mon mascara coulait déjà tellement je me frottais les yeux. Et enfin. L'échappée. La belle.










Au retour, un coup de soleil sur le bras gauche. Les cheveux comme des tifs de sorcières, le regard lavé, les jambes molles, le sourire de celle qui a jouit 6, 8, 10 fois pendant la journée. Et un verre de rosé pour fêter ça.

mardi 8 juillet 2008

La mer, seulement.

Je marchais d'un pas mouillé sur le bord de mon fleuve. J'ai dépassé Matane aujourd'hui, je file faire le tour de la péninsule pour visiter quelques clients éloignés. J'étais d'humeur assez confuse, partagée entre mes sautillements intérieurs et le ciel chagrin, mais aussi tiraillée entre ma langueur (conséquence d'une nuit presque blanche) et mon envie de profiter de chaque minute pour allier l'utile à l'agréable. J'en étais là dans mes réflexions lorsque j'ai rencontré cet étrange homme que je nommerai Zacharia. Il est le gardien fantastique de cet endroit où les grandes eaux rencontrent les nuées. Le plus étrange chez lui n'était pas sa pose contemplative, ni même sa tignasse effilochée telle les algues des profondeurs, mais bien sa queue de sirène. Elle était tellement sèche qu'elle craquait à chaque mouvement en faisant des bruits de papier sablé sur le socle où il avait posé son auguste derrière. De sa voix gutturale, il m'a permis de passer l'entrée de la digue pour aller en chaloupant me planter sur la ligne d'horizon. C'est souvent là que je me rencontre, sur les tirets ténus qui relient les mondes entre eux. Je voulais que le vent me parle, que l'espace me console.





Je voulais retrouver le silence mais tu fais trop de bruit dans ma tête. Tu es partout avec moi.

vendredi 4 juillet 2008

Cornélius

Ce matin après m'être affalée d'un pas lourd hors de mon lit, j'ai ouvert toute grande ma porte pour regarder la lumière danser sur ma ville chiffonnée. C'est qu'elle a fait la fête hier, la coquine, et elle a dansé jusqu'à plus d'heures sous les explosions des feux grandioses (et le mot est faible) qui se sont déchaînés au-dessus de son grand fleuve pour offrir le plus beau spectacle que j'aie vu de ma vie. Hier, Québec était la plus riche et magnifique Dame du Monde.

Mais je m'égare, tel n'est pas le propos de ce billet. Ce matin, donc, j'ouvre toute grande ma porte et en baissant les yeux, voilà que j'aperçois un minuscule colimaçon en nage, les antennes molles, la traîne visqueuse, la coquille maculée de traits noirs.


L'escargot, à boutte et effondré.

Surprise et ravie, je me penche pour le recueillir dans ma paume avec une tendresse infinie; je craque totalement pour ces bestioles. Je n'y peux rien, j'ai une faiblesse pour leur trogne. Cependant, je me demandais comment diable il avait pu se jucher jusqu'à mon nid de coucou au troisième étage sans se faire dévorer par les Chats Sauvages qui règnent en rois et maîtres sur tout le territoire. Ils sont sanguinaires et sans pitié. Surtout le Gros Roux, leur chef incontesté, qui est un despote à la mine patibulaire, aux poils gras autant que mottoneux et aux ongles acérés. Il a l'oeil du lynx et la perfidie de la panthère silencieuse qui rôde le ventre au sol. Je le déteste. À cause de lui, je dois laisser toutes mes fenêtres fermées en mon absence sous peine d'invasion de domicile. Je l'ai surpris quelques fois à lardonner sur mon divan BEIGE (!!!) toutes griffes dehors, le salaud. Il aime mon odeur et il ne se gêne pas pour me le faire savoir. Il raffole également de ma cuisine et guette avidement le jour des poubelles pour éventrer les sacs et les déchiqueter d'un air sournois.

Bref. J'ai caressé un moment mon nouvel ami entre les antennes pendant qu'il reprenait son souffle, l'ai juché sur mon épaule le temps de me faire un café, puis je l'ai posé sur la table devant moi et je l'ai enjoint à me raconter toute l'histoire, sans lésiner sur les détails. Je me sentais d'attaque. Comme j'ai été récemment initiée à la langue escargotoise (merci Mac, je savais bien que ça pourrait servir un jour), j'ai pu comprendre qu'il s'est échappé des mains de deux fillettes qui l'ont capturé il y a plusieurs semaines en même temps que 32 de ses acolytes. Ils se sont fait surprendre à la brunante alors qu'ils prenaient le frais sous les buissons en papotant des dernières nouvelles d'outremer, transmises avec force détails par Donat, un aïeul qui revenait tout juste au pays après un périple de 8 ans. Les fillettes, donc, sont arrivées subrepticement par derrière et les ont coffrés en moins de deux dans une boîte en carton tapissée d'herbe (quand même), puis elles les ont enfermés dans leur maisonnette secrète.


Cornélius me racontant son épopée

Il m'a raconté en tremblant qu'elles les ont ensuite saisi un à un pour tracer des lettres étranges sur leur coquille. C'est ainsi qu'il s'est vu affublé du prénom farfelu de "Martin", alors que son vrai nom est Cornélius, fils d'Herménégilde, frère d'Aloïsus et cousin d'Ambroise, notre bien aimé ami. Parlons d'un sacré hasard. J'en étais toute chamboulée. Cornélius a entendu parler de moi à travers les branches et pris de cours, il a préféré trouver refuge ici que de se camoufler sous le patio des harpies, où vit une famille de suisses dentus et constamment affamés.

Je lui ai promis de l'amener avec moi au Cap et de lui trouver le plus beau coin qui soit.

Maintenant, je dois aller chercher les autres. Argh. Ma vie est périlleuse.



Il est chou, non?