jeudi 29 mai 2008

Détour pour Samuel

Sam est un ami d'outre-mer qui connaît très bien notre pays. Je ne crois pas me tromper en disant qu'il l'aime d'un amour passionnel. L'autre soir, il me disait que les noms de nos villages le faisaient vraiment marrer. Après un silence il a ajouté:

- Tiens, je me demande s'il y a un bled qui s'appelle Saint-Samuel?
- Euh... je sais pas! On regarde?

Et nous voilà à des milliers de kilomètres de distance en train de chercher un village à son nom. Il l'a trouvé en premier. En suivant le lien, j'ai réalisé que ce hameau est situé sur mon territoire, à une vingtaine de kilomètres de Victoriaville.
Comme il aime bien me charger de missions burlesques (car je suis bonne joueuse, j'ADORE les missions) il m'a "ordonné" illico de m'y rendre. Pour voir.

Après mon rendez-vous à Victo, j'ai donc suivi le chemin de traverse en espérant ne pas trop me perdre. Les cultivateurs venaient d'épendre le fumier. Il faisait soleil, le vent entrait en me rabattant les boucles dans les yeux, j'étais vraiment contente de bifurquer, d'avoir le temps, de me promener ailleurs que sur mes routes déjà arpentées 100 fois, et surtout, de jouer. De penser à lui en roulant. En voyant la pancarte j'étais excitée, j'ai pris le temps de tout regarder. J'ai croisé deux vieux assis sur leur perron, un chien (qui a failli m'attaquer) et un livreur au magasin général. Bon. Au dépanneur, mettons.

J'ai roulé à 20km/h,me suis arrêtée partout et j'ai choisi mes photos.











Celle-ci est un clin d'oeil personnel:




Et celle-là, c'est pour l'Européen en lui...



Mission accomplie, Sam!

...

Y'en a d'autres? Je profiterais bien de l'été pour dévier.

mardi 27 mai 2008

Disons, Lucas

Son nom me fait penser à une envolée d'oies. Ses initiales rappellent les ailes en V des oiseaux qui jouent dans les courants ascendants. Les piqués contrôlés, les vols planés le bec ouvert pour avaler le vent, les élans migratoires, tout ça lui ressemble étonnamment. J'ai la vague impression de le connaître depuis des années, en autant qu'on peut prétendre connaître un être secret qui dévoile des facettes déroutantes par des brèches qu'il ouvre de temps à autre dans une conversation.

Il ressemble à un personnage de roman qui s'appelle, disons, Lucas. Une sorte d'érudit un peu bohème qu'on retrouve le nez plongé dans les livres anciens de toutes les grandes bibliothèques du Monde. On ne saurait dire exactement d'où il vient; il pourrait être Européen de l'est, Italien, Français ou Libanais, ses traits sont à la fois accusés et doux, mais son regard est de ceux dont on a peine à se détacher. Il est profond, nuancé et mouvant. Il est beau.

Marcher dans les rues de la ville avec lui ressemble à un voyage. J'ai envie de déambuler en lui tenant le bras comme le feraient deux complices. Il appelle la tendresse et une confiance qui s'installe d'emblée comme si c'était la seule voie possible. Il est entré dans ma vie par un curieux détour, par hasard ou par chance. J'adore les rencontres improbables, et encore plus les histoires possibles.

dimanche 25 mai 2008

Instantané

Il vente toujours beaucoup au Cap. J'avais oublié mon maillot, je ne pensais pas qu'il ferait aussi beau. Alors j'ai roulé les jeans et sauté le haut. Le soleil plombait sous le vent, la plage s'étirait à marée basse et les voix des nudistes plus loin nous parvenaient étouffées. Mes cheveux sentaient le feu de bois, mes bras exsudaient la crème solaire et le grand air. Du bout des doigts, je faisais des dessins nonchalants dans le sable et j'avais l'impression de caresser le grain d'une peau gorgée de chaleur.

Les heures se sont fragmentées à cause du silence qu'on a laissé venir comme une troisième présence. Il y avait de la place entre nous. Assez d'espace pour divaguer l'une et l'autre dans des mondes qu'on se racontait par bribes avant de retourner vaquer dans nos crânes, hors du bruit de nos vies. Tranquilles. Étalées sur la couverture en patchwork, abandonnées au vent piquant qui charriait le sable sur nos cuisses et dans nos oreilles.

Avec toi, il est aussi facile de se taire que de parler.

lundi 19 mai 2008

Au Cap 5: QUOTIDIEN













Travailler dehors. Pêcher la première truite qu'on baptise Tibert, rencontrer un bébé ours dans la clairière du haut et dévaler la pente à toute vitesse, terrorisé. Remplir les brouettes de bois à brûler, marcher devant la lune. Nommer les lieux: la Clairière-du-haut, le cagibot, la cabane des enfants, la grange-à-bois, la savonnerie, le trou de Marmot. Sonner la cloche à l'heure des repas pour rameuter la famille dissipée aux quatre coin de ce qu'on appelle le Domaine. Respirer, me vider la tête, ne pas penser au mariage de l'ex qui a eu lieu ou qui s'en vient dans les prochains jours, vouloir ignorer la date exacte pour ne plus pleurer. Me sauver un peu, peut-être, du pincement géant, des images qui hantent. Les laisser couler et s'évader dans les rebonds de la chute. Lire au soleil, étendre les taies d'oreillers de Roland pour chasser les remugles de boule-à-mite. Discuter tard le soir devant le grand feu, écouter les grenouilles, habiter la clairière qui étiole ses frontières sous le halo de la pleine lune. Avoir un peu peur de la zone d'ombre derrière le barrage des hêtres, parce que les sorcières ne sont jamais loin et que des âmes vivent encore ici. Prendre un coup de soleil dans le cou, préparer le dîner aux hommes qui bûchent, travailler l'après-midi durant avec l'ado en discutant de choses et d'autres. Bercer la pomponne et avoir les joues qui chatouillent à cause de ses cheveux mousseux, sentir la tête de mon Nico se poser sur mon épaule, geste si rare et si touchant. Trouver ici une seconde maison, une seconde famille.

Le pur bonheur.

jeudi 15 mai 2008

Au Cap 4: LA-DOMPE-À-ROLAND!

Roland doit se retourner dans sa tombe. Rapport qu'en travaillant dans le sous-bois sis près de l'ancienne savonnerie...

(ici, la savonnerie)



...nous n'avons guère cesser de hurler de concert, mon amie M* et moi. "Mais pourquoi diantre?" direz-vous. Parce que le mignonnet sous-bois qui accueille le visiteur ébahi à l'orée de la Clairière-des-Sorcières (où mon amie veut planter un jardin d'ombre) s'est avéré être un vaste dépotoir (!!!)...

M'enfin. Disons, pour être polie, un site archéologique fort répugnant. Sous les feuilles mortes, nous avons découvert les vestiges de dizaines d'années d'accumulation d'items saugrenus: un médaillon et une montre, des tas de vieilles chaussures, bottes et semelles dépareillées, des bouts de cuir, de la vitre sous toutes ses formes et de toutes les couleurs, des bouteilles de bière, de vin et d'élixirs étranges, des canettes et autres boîtes de conserves rouillées à souhait, des bouts de ferraille coupante, des bassinets antiques, des néons cassés et des tas de sacs en plastique à moitié décomposés. Vous savez ce que devient un sac enfoui sous la terre pendant des années? Hein? Vous en avez déjà vu? C'EST DÉ-GUEU! Ça se déchire en mille lambeaux gluants, ça pue le diable et ça empêche les lombrics d'être heureux. Je faisais déjà mes emplettes avec de jolis sacs en tissu telle la granole de service, mais je profite de ma tribune pour vous enjoindre -et même vous supplier- de faire la même chose. J'avoue que je concédais parfois l'usage d'un sac d'épicerie pour la poubelle de la porte en dessous de l'évier, mais maintenant, c'est TERMINÉ!

Ceci dit, ce qui nous a fait par-dessus tout nous égosiller dans les aigus, trépigner sur place hystériquement et rire nerveusement à gorge déployée, c'est de déterrer à fréquence régulière... des ossements! Logique. À côté d'une savonnerie. Des jarrets rongés, des rotules à-demi égrenées, et même...

UN CRÂNE DE ZÉBU!


AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHH! Terrifiant! Cependant, je lui ai déniché une sépulture de bon aloi, en fouinant près de la grange-à-bois. Paix à l'âme du Zébu sacrifié.



Roland était visiblement catholique, à défaut d'être écolo...

dimanche 11 mai 2008

Au Cap 3 : La-descente-à-Roland!

Roland a habité au Cap toute sa vie. Il vivait avec son frère, et ces hommes formaient un duo fort original, comme on en retrouve souvent dans les campagnes. Le chalet a été vendu à mes amis à sa mort, après moult péripéties et autres sueurs froides dûes à la paperasse idoine à toute affaire de succession. À la fonte, mes amis ont (entre autre!) trouvé un sentier qui descend à la cascade. Ils l'ont spontanément baptisée: LA-DESCENTE-À-ROLAND!

Pour s'y rendre, il faut passer près du caveau à légumes...



Puis emprunter un sentier aménagé:



Et prendre la petite échelle jusque dans les bouillons! En été, j'imagine qu'on peut s'installer sur les roches et bénéficier d'un spa naturel...



Mon ami B* disait: " Avec une cascade comme ça, Miléna, on est millionaires!" Il a bien raison.




Celle-là, je la gardais pour la fin: ça sera le "Spot-à-lecture-de-Miléna":



Je vous raconte la suite demain...

samedi 10 mai 2008

Mamie Aupert

Quand je l'ai connue, Mamie Aupert avait plus de 80 ans. Elle habitait un petit village de la Creuse, une région dépeuplée du centre-nord de la France. Elle était minuscule, frippée, voûtée et sèche comme une vieille branche d'arbre, mais elle avait un regard clair de glacier. Des pupilles encore vives, un iris pâle, une voix grésillante qui parlait un patois parfois incompréhensible. Elle était vêtue tous les jours d'une robe ancienne aux couleurs fanées par-dessus laquelle elle enfilait un tablier comme en portaient toutes les fermières du patelin. Un tablier grège avec une grande poche centrale dans laquelle elle gardait un opinel et un grand mouchoir en tissu maculé. Je n'ai jamais vu sa chevelure qu'elle emprisonnait sous un foulard pointu qui rappelait celui de la sorcière dans Blanche-Neige.

Elle faisait toutes ses tâches elle-même. Je la voyais par la fenêtre de la maison voisine entrer ses petites bûches rondes par paire, ou arracher les carottes, pliée en deux au-dessus de l'immense potager. Je craignais toujours qu'elle casse ou qu'elle s'éffrite, mais elle était d'acier trempé, elle se relevait en tenant son dos à deux mains et elle transportait ses fagots ou ses paniers en glissant les talons sur le sol pierreux.

Dans ce village où je suis restée un mois, il était impensable que les femmes vaquent aux tâches ardues réservées aux hommes. Notre rôle consistait à préparer les repas, traire la vache Marguerite, nourrir les deux cochons que j'abhorrais, barrater le beurre et cueillir les légumes. Il fallait aussi s'occuper des poules et servir les hommes quand ils revenaient de la scierie. Hommes qui étaient à moitié sourds à cause du hurlement des scies, et plusieurs avaient un ou plusieurs moignons en guise de doigts. Ils parlaient fort en buvant leur coup de rouge qu'ils diluaient dans l'eau (!!!) et ils me faisaient raconter des histoires pour se moquer de mon accent; je rigolais en silence de ne rien comprendre -ou presque!- de leur argot de cinéma. Ils portaient tous des bleus de travail (cette sorte de one-piece anti-sexyness) et des casquettes aplaties et maculées de traces noires. À l'apéro, ils étaient parfois une douzaine à envahir la cuisine. C'est qu'on habitait sur la rue principale. La maison était constamment prise d'assaut par des villageois en manque de potinage rural ou tout simplement curieux de voir de quoi avait l'air "la Canadienne en visite chez les M*".

Un jour de pluie, alors que ces messieurs avaient refusé que je les accompagne au bois, j'ai passé un moment seule avec Mamie Aupert. Elle m'avait fait venir pour le café de 4h, et je me souviens que sa cuisine sentait le fromage coulant et le feu qui crépitait dans le poêle. Elle avait mis ses linges à vaisselle à sécher au-dessus du four et à mon arrivée, il y avait un vieil album sur la table. Ravie, j'ai tout de suite demandé à l'aieule la permission de le feuilleter. Elle m'a servi un café noir très serré et a posé un pot rempli de carrés de sucre à côté de moi. J'adorais les tremper à moitié dans le breuvage amer; aussi j'ai commencé à tourner les pages en faisant fondre les granules sur ma langue. Je posais beaucoup de questions; Mamie répondait parfois si bas que je devais tendre l'oreille ou la faire répéter. Puis, sur une page, la photo d'un homme. Une photo en noir et blanc où on le voyait debout dans une pose convenue, le dos droit, l'allure fière, le visage stoïque. Il était très beau. Ce cliché avait été pris à une fête du village, où on faisait tirer des gigots d'agneau et des jambons gras. Tout de suite, Mamie Aupert a mis son doigt sur son visage en me disant:

- François! Lui, c'est François ma petite! Mon fiancé...
- Ah? Je ne savais pas que vous aviez un mari... Il est mort?

Elle a soupiré en gardant sa main près de la mienne, sur la page jaunie.

- Non. Non. Je n'ai pas pu me marier avec lui.
- Mais pourquoi?
- Tu sais, je n'ai pas toujours été aussi vieille. Dans mon bel âge, j'étais même plutôt jolie. Alors les hommes du village me courtisaient. Moi, depuis que j'étais fille, je le regardais. François. Un si bel homme. Si réservé! Et timide! Il vivait avec son père au bout du village. Tu vois, la maison près du cimetière?
- Oui, je vois laquelle... Et lui, il vous courtisait?
- Oh! J'ai dû être patiente, ma fille, et lui tourner autour avant qu'il daigne m'inviter à sortir. On a commencé à se fréquenter; on allait au bal ensemble, et marcher autour du lac, tu sais, le petit étang derrière la grande maison?
- Celui où les canards nous attaquent? Je suis allée avec Denis et on a dû se sauver!
Elle a rit.
- Oui. Le même. On allait se promener là tous les deux. Puis un jour, il m'a demandé ma main. C'était le plus beau jour de ma vie. Je le connaissais depuis qu'on était p'tiots! Dans l'année qui a suivi nos fiançailles, il est tombé gravement malade. La tuberculose. Son père est venu me voir un soir à la maison de mes parents. Il m'a fait sortir dehors et il m'a demandé de ne pas me marier avec François. Il m'a dit: " Si vous l'aimez, vous ne l'épouserez pas."
- Mais pourquoi? C'est insensé!
- Je sais. Maintenant je le sais... Mais à l'époque, les médecins disaient qu'il devait éviter les émotions fortes. Qu'il n'était pas assez fort pour prendre une épouse et faire vivre une famille, qu'il ne pourrait pas avoir d'enfants. Alors j'ai rompu avec lui. Parce que je l'aimais tant! Tu comprends? Je ne lui ai jamais expliqué pourquoi. Son père m'avait fait promettre de ne pas lui parler de notre rencontre. Ah! Ma p'tiote! Une terrible soirée! Terrible, oui... J'ai pleuré pendant des mois. Toutes les larmes de mon corps.

J'étais suspendue à ses lèvres.

- Et après?
- Après? On ne s'est plus jamais parlé. Il me saluait poliment à l'église ou sur la place, mais on n'a plus tenu de conversation, lui et moi.
- Mais c'est effrayant! Et qu'est-ce que vous avez fait?
- J'étais belle, à l'époque. J'avais d'autres soupirants. On est dans la France profonde, ici, mais on est des humains.

Elle riait en se servant un autre café. Ses patins glissaient sur le linoléum usé. Elle est revenue s'asseoir près de moi, et elle m'a regardé avec un sourire triste.

- Je me suis mariée obligée. J'avais la cuisse légère, je couchais avec les hommes par dépit. Les bals... ils me faisaient tourner et la tête me tournait aussi. Je suis tombée enceinte par accident et il était impensable que je reste fille.
- Je comprends!
- Je me suis mariée avec un homme que je n'aimais pas. Et il ne m'aimait pas non plus, le saligaud! Il passait toutes ses soirées au village à se bourrer la gueule comme un putois. Il rentrait enragé, il me criait dessus! Il me poussait en bas du lit! Il fallait toujours que je fasse ses quatre volontés. Je ne disais rien, à cause des mômes. On a eu des enfants. Trois fils. L'aîné et le benjamin sont à la ville. Ils sont mariés et ils ne viennent plus souvent voir leur vieille mère. Le second est mort, fauché par un voyou en bagnole, devant la maison! Il n'avait pas 20 ans. Saleté de machines!
- Oh! Je suis vraiment désolée, Mamie, je ne savais pas... personne m'avait dit que...
- Il est ici!

Et elle frappait sa poitrine de son poing frêle. J'avais le coeur dans la flotte, déjà, mais ça, c'était comme un coup de grâce. La pluie tombait drue. Elle crépitait sur le toît et il faisait très sombre. Je me suis levée pour ouvrir la lumière. Sur le terrain devant, il y avait deux énormes flaques. L'heure tournait. J'allais être en retard pour aider au souper. Mais ça n'avait pas trop d'importance. Je me suis mentalement donné congé de corvée, et j'ai fermé les rideaux.

- Et votre mari, il est où?
- En enfer, pardi! Mort d'une attaque, le diable l'a emporté avec lui! Il y a deux ans. Toute une vie de purgatoire avec lui!
- Et François?
- François ne s'est jamais marié. Il vit au bout du village, dans la maison près du cimetière.
- Mais... mais... il vit encore? Il n'est pas mort?
- Non. Il n'est pas mort. Il est même en bonne santé, pour son âge.
- Mais pourquoi vous n'allez pas vivre avec lui, Mamie?
- Ah ça, ma p'tiote... Il est trop tard... On se regarde de loin, lui et moi. On s'est toujours regardé de loin. C'est notre vie...

Et elle a tourné la page de l'album.

Cet après-midi là, elle m'a raconté d'autres histoires, mais c'est celle de François que j'ai retenue. Je suis rentrée dans la maison voisine, juste à temps pour le souper, et j'ai demandé à mon ami Denis s'il connaissait l'histoire de Mamie Aupert. Il ne savait pas. Elle m'avait confié un secret.

Le lendemain, je suis allée me balader en vélo du côté de la maison près du cimetière. J'y ai vu François marcher à petits pas dans l'entrée de terre battue. J'ai ralenti, mais il ne m'a pas vue.