mardi 7 août 2007

Portrait 1

Elle avait des pouces plein les mains. Ses sauces collaient aux chaudrons, son couscous était gluant, les rideaux tombaient mal, elle lavait les vêtements au mauvais cycle et les tissus se froissaient ou déchiraient ou faisaient des peluches. Elle aimait faire le ménage de son intérieur mais sa maison n'était jamais impeccable, les robinets fuyaient, ses plantes mourraient de sécheresse ou de noyade, de manque de lumière ou de chaleur trop vive. Elle reculait dans les poteaux, accrochait les voitures dans les parkings, fonçait dans les cadres de porte, renversait inévitablement son verre de vin rouge sur les nappes blanches des restaurants. Son café sur son collègue de gauche en réunion, son rosé dans un cendrier plein. Elle trébuchait sur les trottoirs, glissait sur les rochers en s'écorchant les genoux, était couverte de bleus à force de se cogner sur les coins de table. Elle se perdait sans cesse sur la route, incapable de lire une carte, se barrant invariablement dans la direction opposée. Elle s'y reprenait à trois fois pour décrocher une fenêtre double. Elle n'avait aucune patience pour les files d'attente, à l'épicerie et à la banque elle soupirait sur la lenteur ambiante. Elle n'aimait pas non plus la solitude, le silence lui faisait peur, elle le trouvait assourdissant alors elle allait toujours ailleurs pour les rumeurs des conversations et les discussions qu'elle pouvait glaner discrètement pour alimenter son côté voyeur. Elle voulait sans cesse des histoires pour chasser la monotonie, pour se sentir vivante et avoir des choses à raconter, petites anecdotes croustillantes qui provoquaient les éclats de rire de ses proches. Elle voulait être une luciole. Elle était la fée clochette prise au piège d'une cage de verre.

4 commentaires:

Marius a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Marius a dit…

Désormais je t'appelerai Gastonne

Miléna a dit…

EILLE! C'est d'ELLE que je parle. Qu'est-ce qui te fais dire que c'est moi? T'es pas ben?

& a dit…

Et un certain 7 août, elle trouva son rythme. Respect.