Ce soir avec un ami, nous avons discuté de la colère. De la vraie, celle qui nous fait éclater sans contrôle, disjoncter, hurler et souffler, celle qui fait que les autres ont soudain peur de nous. J'ai beaucoup de mal avec la colère. Elle me fait fuir. Je déteste les cris, les portes qui claquent, les conflits de toutes sortes, autant les banales escarmouches du quotidien que les accrochages plus profonds des relations qui tournent soudain très mal. Je sais que les disputes sont saines, qu'elles permettent de remettre les pendules à l'heure et d'extraire les tensions. Mais c'est un sentiment tellement accaparant, tellement brûlant, aussi, que je tente toujours de l'éviter et de le repousser pour me protéger de ses longues griffes pointues. Je l'haïs depuis que je suis toute petite et que je l'avais imaginé comme un monstre qui enfle pour prendre toute la place dans le ventre. Quand mon ami m'a demandé si je fais de vraies colères, parfois, j'ai répondu à la blague que je suis trop bien élevée pour ça. En y réfléchissant, ce n'est pas si faux. J'en ai parfois envie mais je me retiens par peur de dire des choses incorrectes, de dépasser ma pensée, de montrer le côté sombre de moi, de commettre des actes qui me feraient perdre quelqu'un ou la face devant les autres. Je préfère me taire et réfléchir, redescendre de mes grands chevaux, rester polie et discuter. Ou bouder, je l'avoue. Il paraît que c'est un comportement typiquement féminin...
Et vous, pétez-vous les plombs solide parfois? Comment gérez-vous la colère, de quelle façon elle s'exprime, comment vous la sublimez?
15 commentaires:
La colère est un sentiment que je connais, Je fais parfois de grosses colères et en ce temps mon potentiel de violence explose et décuple. Je me déteste quand je suis en colère, je dis des choses qui peuvent être très blessantes, qui auraient intérêt à être muries un peu plus avant de sortir de ma bouche.
Je me soigne, j'en fais moins qu'avant, mais avec une adolescente en pleine rébellion, il m'est difficile de garder mon calme.
Un jour, ma psy m'a offert un cadeau extraordinaire. Elle m'a donné le droit d'être en colère, le droit de hurler, le droit de faire des crises de nerfs même lorsque celles-ci étaient irrationnelles et injustifiées. C'est tellement libérateur d'assumer sa colère plutôt que de la refoulée par peur d'être jugé, de blesser, par culpabilité, par politesse...
Après tout, y'a d'la haine, faut bien qu'on la mette queq'part!
Doparano: c'est ça. On se déteste quand on est en colère. On devient laide, les yeux exorbités, la face toute rouge, les poings serrés, les cheveux dans les airs. C'est ça que je ne veux plus. Et je ne suis pas mère, mais je sais que les enfants peuvent faire vachement sauter la marmite...
Malice: je sais, quand j'en voyais une, elle me disait la même chose. De laisser vivre la colère et de l'assumer. Je lui ai alors péter ma plus solide coche depuis 1000 ans (pas dirigée contre elle, mais je lui ai fait un spectacle). Elle m'a dit: voilà, t'es capable! C'est vrai que ça fait du bien.
Incapable de me mettre en colère, sauf exception. Je refoule toujours, toujours, c'est à se demander si rien ne m'atteint.
Jusqu'au moment ou j'en ai trop accumulé. Là j'explose. Ordinairement en crise de larme impromptue.
Mais je me demande si j'ai déjà « vraiment » rager, sans contrôle, sur le moment du fait de ma colère...
Moi je fais un trou dans un mur ou dans une porte, ou je brise un parapluie en le frappant sur la table. Ensuite je me trouve un peu ridicule mais mieux. Et le trou reste là à me regarder. Ou le parapluie brisé, les tiges de fer en l'air.
J'ai sincèrement envie d'essayer le truc du parapluie, bête, mais foutrement efficace j'imagine... J'en aurai bien b'soin!
Si je crie plutôt que de briser des murs ou des trucs c'est pour espérer oublier mes colères en en gardant pas de souvenirs concrets. Le criss de trou dans le mur me rappellerait trop à quel point j'ai aucun crontrôle sur moi même, pis j'aimerais pas ça.
PatB. SALUT!!! Ça m'étonne à moitié, ton truc du parapluie. J'ai jamais osé. Peut-être la prochaine fois. Je t'en reparle. La pire chose que j'ai faite, c'est de jeter mon assiette de spag, le couteau, la fourchette, le napperon et le verre par la tête de mon pauv' frère. Mais ça fait 1000 ans, quand on était tous hystérique pour cause d'adolescence intempestive. Lui, il m'avait couru après dans toute la maison avec le long couteau barbare de feu mon père.
(Il appelait ça un tranchen'oreilles). Mon frère avait planté le couteau dans ma porte de chambre juste comme je la refermais. C'était pas reposant! Maintenant, on en rit.
J'ai eu la même relation avec mon frère, plus jeune.
Les parapluies sont à 1$ au Dollarama. Je vous conseille cela plutôt que le vase Ming, l'aquarium à truffes blanches de 750 grammes ou votre nouvelle TV plasma-orgasmique.
Détruire, ça aide à passer les grandes colères. Faut pas garder ça en dedans, ça donne le cancer.
Moi, euh, j'ai eu pas mal de contacts avec l'ultraviolence, plus petit. Je suis resté très très allergique à ça, mais également, affligé d'un moi "de guerre", qui sort jamais jamais, à la condition que je fasse énormément de sport très épuisant. À Montréal, je joue 3 à 6 fois semaine au hockey. Quand je ralentis ça, uhm... Ça devient risqué.
Ceci dit, l'hiver dernier, au milieu d'un mois où j'ai bien dû jouer 30 matchs, un gars m'a fait péter ma coche, dans un bar. Il a appuyé sur tous mes boutons en quelques minutes. Xénophobie, racisme, injustice, mépris, snobisme, ostracisme, etc. Oh ! J'étais très saoul, mais vraiment molo, parce que j'arrivais de jouer deux parties de 2h en ligne... 4 heures de hockey ! Crevé raide.
Quand j'ai commencé à sentir la colère monter, j'ai ramassé mon stock et mes batons et je suis sorti. Il m'a suivi dehors. Là il s'est mis à me scander des conneries en me tapant la poitrine du bout du doigt. Toc toc toc.
Je ne me rappelle toujours pas ce qu'il a dit. Un de mes projets au cours de cette année de vélo et de réflexion est d'extraire ses mots du fond de ma mémoire, qui les a enterrés très profondément. Je sais que c'était une phrase très courte, de 4 à 8 mots. Je sais aussi que je n'ai pas senti mon corps pendant un centième de seconde.
Le gars (un frame de mulot) se relevait péniblement, à une distance étonnante de moi. Mes affaires étaient tombées par terre. Puis je me retenais, mais mes bras voulaient l'immobiliser. Mes jambes me rapprochaient de lui. Puis mes poings voulaient le détruire. C'était vraiment freak. J'avais pas connu ça depuis Montréal-Nord.
Je me suis maîtrisé. Je suis rentré chez moi, en tremblant, en pleurant à chaudes larmes. Je ne suis ressorti de mon sous-sol que 5 jours plus tard, à bout de provisions, affamé. Je suis retourné une seule et dernière fois dans ce bar.
Tristesse infinie. Mon pire sentiment dans tout ça ? Tous ses pseudo-chums (qui le détestent hypocritement), ses 20 chums assis au bar et debout dans l'allée ont tout vu par la vitrine. Y en a pas un seul qui est sorti pour l'aider, nous séparer, me geler, n'importe quoi. Ce mec est vraiment un trou-duc, je ne doute pas de ça, mais j'ai côlissement honte d'avoir employé la force.
Et surtout, d'avoir perdu le contrôle.
L'incontinence, c'est absolument dégoûtant.
Voilà, la violence, c'est toujours une forme ou une autre de dégoût de soi-même.
Calme, massages, tessons
&.
J'ai pas mal dérivé.
Désolé.
Le sujet est la colère.
Uhm, ne pas être en colère en Allemagne en 1938 ?
Idem, mes amis. Idem.
Ignorance, colère, ou complicité.
Je ne vois pas d'autres options.
É.
Ahhh la colère! Je me sens tellement impuissante quand je suis en colère!
Je suis un peu comme toi Miléna... Ma colère ne se fait pas tellement sentir devant les autres, je la refoule. Je déteste les conflits, donc je préfère ME parler que d'avoir à réparer les pots cassés.
Lorsque je n'en peux plus, j'étouffe quelques cris dans un oreiller, et je vide le trop plein de larmes accumulées au fil des semaines.
Typiquement féminin ou non, la "bouderie", je l'emploie aussi, et plus souvent qu'à mon tour...au grand dam de mon chum, évidemment!
&: T'es en feu, mon brave. Merci pour ce commentaire. Il ressemble à une page de ton roman. L'autre jour, un innocent m'a aussi fait péter un plomb. Au restaurant. J'avais oublié ce passage. Finalement, je me suis mise en colère et je l'ai traité de noms. Mais je continuais à le vouvoyer. C'est weird, non?
Varelie: Bienvenue chez moi! Ravie de savoir que je ne suis pas la seule à bouder! Mais ça ne m'arrive pas souvent, promis!:)
Eric, y'a tu une place sur ton vélo parce que là depuis 3 jours j'ai envie de casser tous les parapluies que les petits Chinois de Dolorama fabriquent.
Je me fais peur, pis je dois me retenir à deux mains. Crier face au vent ne me suffit plus.
Mil : eh eh ! Moi, c'est souvent le signal de mon pétage de coche, quand je me mets à tutoyer un fâcheux, ouh là là... Son temps est venu. Je suis à un ongle de péter une bielle !
Dope : Y a plein de place, les routes sont désertes. Mais on te louera un béssik, tu seras plus défoulée à la fin de la journée, que juchée sur les sacoches !
É.
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