Hier, j'ai brûlé tes mots. Tous ces bouts de papier dissimulés dans des cachettes secrètes étaient comme autant de points de suspension dans ma vie. Il y en avait dans mes classeurs, dans ma vieille boîte en fer au-dessus de la bibliothèque, dans mon tiroir de table de nuit, entre des piles de livres sur la première tablette et dans mon carnet de notes. J'en ai même retrouvé un sur le frigo, en-dessous d'un aimant en forme de chat. La carte d'affaire d'un ferrailleur cachait le texte. Je ne l'ai jamais appelé.
J'ai pris tous les bouts de napperons, les pages arrachées au bloc-note, les signets pliés en deux pour faire comme une carte, les pages blanches soigneusement recopiées pour ne pas qu'il y ait de fautes, les cartons mouillés que tu avais laissés dans mon pare-brise, j'en ai fait un tas et j'y ai collé une allumette sans trop réfléchir. Dans le lavabo de la cuisine. Debout devant les flammes qui s'inscrivaient dans ma pupille comme les prémices d'un avenir définitivement libéré de toi, je respirais la chaleur pour apprendre à exister comme s'ils n'avaient pas été écrits. Si tu t'étais contenté de me les dire, je les aurais peut-être plus vite oubliés. Mais tu es finaud, tu savais bien qu'ils resteraient plus longtemps gravés si je les lisais.
J'ai ensuite nettoyé les cendres à grande eau, je les ai regardées partir dans la mousse, puis je suis venue à l'ordinateur pour vider le dossier que j'avais créé pour nos courriels. J'ai tout relu entre deux verres de blanc. Je faisais et défaisais mon chignon tenu à moitié par un crayon rose. Mes cheveux m'agaçaient. Parfois, les poils de mes bras se dressaient et j'avais des serrements étranges sous les seins. J'ai lu en diagonale et très vite. Puis j'ai fait delete. Ensuite, j'ai fait comme d'habitude. Je suis allée me poster dans le cadre de la fenêtre et j'ai regardé la ville un moment. Mon appartement sentait encore la fumée. C'était un moment très grisant. C'était une façon de te dire adieu.
9 commentaires:
C'est courageux ou fou. Je ne sais trop.
On me disait : les paroles s'envolent mais les écrits restent. Toute ma vie j'y ai cru. C'était donc un mensonge. Ça veut dire que toutes les lettres d'amour que j'ai écrites avec mes tripes sont peut-être...
Ah ! Je n'ose pas y penser !
; )
Je crois que le proverbe original est : «la caravane passe et les écrits aboient».
Tu es forte, Miléna.
Je voudrais pouvoir dire adieu d'une façon aussi saine et aussi belle.
En tout cas, celui-ci le feu ne peut pas le détruire, il EST feu.
Je n'aurais jamais le courage de passer à l'acte...Tout est dans une boite. Les photos, les mots, les lettres, l'imprimer des courriels, que j'ai cependant effacés...
Mais même si j'avais tout brulé, il en resterait encore dans ma mémoire, peu importe...
Doodle: t'as pas gardé des copies de tes lettres d'amour? Moi j'en ai quelques unes, dont j'ai gardé le brouillon, adressées à un puis l'autre, de mes 12 ans à heu... il n'y a pas si longtemps. Comme ça, on peut se relire et s'auto émouvoir. ;0)
J. Allume un briquet et psshhhit! Ça laisse toute la place à autre chose, après. Commence par juste un mot, au pire, tu verras comment tu te sens après. Mais bon. T'es pas obligée non plus...
Mendax: Et toi, t'es encore en feu? eh eh...
LeDZ: Ne crois pas que je suis toujours aussi dingotte. Ça dépend des phases du mois. À ce moment, c'était facile de le faire, j'étais full spm et totalement à boutte hormonalement parlant. Alors au lieu de manger du choco, j'ai mis le feu.
Mac: Tu fais exprès! :0)
Non, je n'ai jamais pensé faire une copie de mes lettres. C'était du spontané.
Maintenant que j'en écris plus ou presque, je vais filmer mes baises. Comme ça, j'aurai toujours une copie de l'inspiration amoureuse du moment.
LYES Doodle !
Sache que j'ai conservé chaque lettre d'amour qu'on m'ait écrite, sauf ce que j'ai dû brûler dans des rituels d'exorcisme et de ça, y en a pas eu beaucoup. Donc, t'as pas mal de prose dans le garage…
Oh, le garage bande !
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