Hier comme aujourd'hui, j'ai roulé par les vallons auprès des lacs enneigés du Parc. Des plumes tombaient du ciel barbouillé, qui recouvraient les sapins en retenant dans leurs cils les rayons de l'aube et ceux du crépuscule, la lumière captive des brumes inopinées. Mon coeur en haut des côtes et ma frousse dans les courbes ensablées, ta voix granuleuse, éthérée, respirations silencieuses entrecoupées de larmes ou de rires, c'était selon la minute dont je me souvenais. Selon la minute où tu ressentais.
Les fausses dunes vierges sur le bord des routes en chantier, les ruissellements statufiés du roc cassé par les machines, longues colonnes de glaces étonnamment vertes découpées en cisailles comme celles qui sont venues lacérer l'os de ton sternum et les cartilages de ton larynx. L'apparition fugace des sommets plaqués de givre, le poudroiement diffus des crêtes éloignées, les rondeurs d'un vent né des cimes. J'ouvrais ma fenêtre pour l'aspirer dans mon cou. Je voulais être embrassée.
Par les spirales ascendantes, par les courants repoussants, par les fuites d'air et par l'idée du silence comateux d'une chambre surchauffée où les draps seraient un écran entre nous et nos mondes pour un seul moment de répit entre la douleur et l'ennui. J'avalais les kilomètres pour m'approcher au plus vite d'une rive, d'une côte, d'un espace libéré. Près des berges, je me sens plus proche de toi.
Ça me permet de rêver plus grand.
4 commentaires:
Même longeur d'onde toi et moi on dirait. Je te souris d eloin. :-)
Absolument magnifique. Tu me combles les yeux.
T'es belle et pleine de talent quand tu rêves plus grand.
Superbe, ça me chauffe le coeur et me donne des ailes!
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