lundi 6 juillet 2009

Le pouvoir lénifiant de Lotby






Seins nus dans le spa, un verre de bulles roses à la main, j'écoutais les enfants crier depuis l'autre rive. Une bande de gamins de 8 à 11 ans qui faisaient dangereusement tanguer une barque en plongeant dans les éclaboussures des autres, hurlant de rire et d'appréhension. Je repensais à la plage secrète d'Akilawi et au ponton râpeux de ces vacances au lac Cascapédia. J'entendais aussi le ventre des bateaux gronder depuis le fauteuil d'osier dans le petit salon d'en avant, un espresso bien tassé à la main, les jambes sur les coussins. Parfois, je me rinçais l'oeil dans la longue vue, cherchant sous les spis à épier un visage. Cassiopée qui traversait la cuvette opaque des nuages, l'apéro du dimanche devant le soleil qu'on appelait à la blague toute la journée sans trop y croire. Le désherbage du potager les doigts odorants et goûteux des feuilles citronnées, les chauves-souris qui s'accrochaient aux gouttières. Les souvenirs de voyage de ma vieille amie, sa main ratatinée par l'eau chaude balayant les craintes présentes et les doutes qui s'entassent parfois pour rien. "Mangeons une salade de saumon fumé!" Elle se séchait rapidement pour mettre Joe Dassin dans le piton, débouchait une bouteille de Riesling et s'écriait: À ton bonheur, ma loulou!

mercredi 1 juillet 2009

Trouver refuge...








... pour échapper à la mélancolie. Quand on refuse de parler de la tristesse, on se tait un mois, on prend la route pour se rouler dans le soleil de la Matapédia, on croise un grand Rocher troué, on prend les sentiers de traverse, on marche sur les grèves où s'embrassent à pleine gueule des couples mineurs, on s'attendrit de leurs premiers émois. On envie leur exaltation, la timidité de leurs gestes, l'indécence innocente de leurs corps vautrés l'un sur l'autre comme si l'horizon n'étaient qu'à eux. On détourne le regard pour éviter de se souvenir de cette solitude qui commence à peser. On regarde les éclairs par la lucarne de la chambre de boniche louée pour la nuit, et on compte les secondes entre les coups de tonnerre qui secouent la tôle du toit. Pour échapper à la mélancolie, on peint en rose pâle les ongles de deux fillettes en leur expliquant ce qu'est la coquetterie, on construit des hélicoptères, des girafes et des bateaux en plastique, on fait des sirènes en mosaïques brillantes, des feux de camp deux fois hauts comme nous, on mange des croûtons de chèvre à la coriandre et aux baies rouges.

On se sent quand même un peu détachée. On voudrait s'élever comme avant, on voudrait bien, oui, sentir cet élan pur des joies tranquilles qui définissent le bonheur. On voudrait trouver refuge et se départir de cette espèce de tristesse malvenue dont on ignore la source.