mercredi 18 mai 2011

Your skin made me cry



Il aurait fallu que je laisse le silence dévier la courbe de mes envies. Que je lise mieux entre tes cils les mots rares que tu jetais entre les syllabes affolées que je scandais pour occulter le vide entre nos corps. Il aurais fallu que je me taise et que j'écoute mieux tes gestes, que je sonde tes retranchements et tes dérives. Il n'y a pas de fautes, seulement des maladresses. Des mains vides qui tâtent un flot d'objets imaginaires, des illusions de bonheur comme des nuées de papillons bleus transformés en flammèches incandescentes sur nos épidermes. J'aurais dû sortir marcher, prendre le large un jour de mai pour ne rentrer que trois jours plus tard avec la certitude que nos traces s'effaçaient à mesure. Nous avancions en nous portant tour à tour au lieu de marcher ensemble en nous tenant la main. J'aurais dû sortir de moi pour entrer un peu mieux en toi au lieu d'user ma voix et de mes bras pour te retenir. Je vois des bracelets serrés et des draps lourds. Un loup écarté sur une colline, des hiboux échevelés dans la lumière embrouillée d'une lune de juillet. Une faille. Un éboulis. La panique. Des pas affolés sur des pierres fragilisées par l'écume des grandes marées, des perditions sur des chemins de fer rouillés, des haltes et des rebours, que des fuites. L'impression de ne pas s'appartenir et de flotter sur les vents contraires jusqu'à se déposer enfin à l'endroit exact où il faut être pour reprendre son souffle. Quand on s'est finalement regardés dans les yeux, toi et moi, au bout de la course... c'est peut-être ce que nous avons tout à coup appris.

Toi à parler, moi à me taire.

3 commentaires:

Mek a dit…

Glp.

Miléna a dit…

T'as écouté la toune???

Estie. Frissons pour moi en tout cas. Je la joue en boucle.

piedssurterre a dit…

ce texte, il résonne si fort en moi.
Si fort que les larmes montent à es cils.