samedi 22 décembre 2007

Tu pars

Tu pars demain de l'autre côté de la Terre et ça laisse un point qui pince juste là, dans mon ventre. Mais ce n'est pas grave puisque je sais depuis longtemps que notre amitié serait entrecoupée de longues absences. C'est ta liberté qui m'a d'abord attirée vers toi, et ce que le voyage a donné de force au regard que tu portes sur le Monde et les gens. Avant, je faisais comme toi: je me levais en plein milieu d'un repas pour aller réserver un billet d'avion par téléphone et je m'exilais ailleurs. J'allais me baigner dans la mer Égée, je marchais dans les Cévennes ou je prenais un bateau pour Belle-Isles-en-Mer. J'allais me faire fouetter la gueule et les tripes par les grandes tempêtes d'équinoxe sur les falaises hurlantes, je dormais sur des plages en dessous des canots renversés, je remplissais ma gourde de Porto pour sillonner les départementales sous le soleil encore chaud d'octobre. Je te comprends de vouloir aller voir qui tu es loin de ta vie. Je t'envie d'avoir le courage de tout laisser derrière toi et de partir sans entrave. La poussière et les sourires édentés te feront du bien. Serrer des mains calleuses, marcher dans les ruelles pauvres, respirer les odeurs des marchés, emplir ta tête d'images déconcertantes, plonger dans cette partie de ton coeur qui appelle le recueillement, donner ta tendresse comme tu sais tellement bien le faire. Retrouve ton rire et tes assises, là-bas. Laisse quelques uns de tes cailloux sur le bord du Grand Fleuve pour revenir plus légère. Prends et donne tout ce que tu peux, fais des réserves de chaleur. Je serai encore là quand tu reviendras de ta route, parce que je t'aime.

7 commentaires:

Monsieur l'adulte a dit…

Ce billet donne envie d'être partout ailleurs qu'ici. Et accessoirement d'être ton ami.

Miléna a dit…

Je te retourne le compliment, Monsieur l'adulte. Toi aussi, tu donnes envie d'être ton ami. J'osais pas le dire sur ton blog; ici, c'est plus facile. C'est le coin des choses que je ne tais pas.

Mek a dit…

Je seconde monsieur l'adulte, même si dans mon cas, je suis déjà ailleurs que là-bas, et même presque hors d'ici.

Miléna a dit…

&: Tu aurais envie d'être où, alors?

Besos
xxx

Anonyme a dit…

J'suis touchée, j'aurais pue écrire presque exactement le même texte.

C'est tellement beau et vrai. Et rester connecté à ces pourquoi on aime, sans détesté pour les même raisons avec le temps qui passe et creuse sous les yeux des rancoeurs de bleu et de noir...

Garder en tête...L'amour..

vraiment beau texte...

xx

Anonyme a dit…

Je te lis a l'aeroport de Kuwait en attendant un vol pour Mumbai avec les larmes au yeux, le motton dans la poitrine et un p'tit sourire dans la tete. Merci ma chere amis que j'aime de tout mon coeur, ca donne du courage de savoir que quelque part, sous la meme lune, quelqu'un m'aime comme tu m'aime. C'est tres precieux pour moi, et j'apporterais ca avec moi sur tout mon chemin. Merci ma cherie. Je t'aime tout autant.
xxxxxxx
Z

Miléna a dit…

Je te suis déjà à la trace dans ma tête tant que je le peux encore, parfois, je m'arrête à un feu rouge et je me demande dans quel aéroport tu es rendue. Encore 10 jours et je perdrai ta trace. C'est comme un jeu de piste, mais en mieux. Take care...