La voilà rendue au bout. 855 km de champs, de routes pluvieuses, de sentiers de terre et de montagnes. Peu de pluie, beaucoup de soleil et de vent, des rencontres qui l'ont changée mais je ne sais pas encore comment. Je verrai quand elle reviendra. Demain, après avoir franchi les 5 derniers kilomètres, ma mère entrera dans la cathédrale de Santiago de Compostelle pour la messe des pèlerins. Tous vos noms sont sur une lettre qu'elle a portée jusque là. Ça vaut ce que ça vaut pour certains, mais je tenais à les inscrire avec quelques phrases qui expliquaient ce que je souhaitais pour vous. Je crois n'avoir oublié personne, j'ai pris mon temps.
J'ai un pincement au coeur pour elle. J'ai du mal avec la fin des choses qui ont une fin. On a parlé de ça, dans nos échanges de courriels. De l'attachement, du détachement, des émotions contradictoires, des larmes qui montent à tout bout de champ pour la joie ou la tristesse. De la lumière, des doutes, de la réflexion silencieuse, des paroles entendues ou muettes. De la Foi. Pas nécessairement celle en Dieu, mais de la Foi tout court. On a parlé des deuils, des erreurs du passé, de ce qu'on fait de mieux ou de pire. De l'amour qui dure, de celui qui part en nous démembrant (ref Coeur de nougat), des marches en paliers dont on ne voit jamais le bout, de l'arrêt des idées, du pouvoir des images, des rêves, de l'espoir, de la fierté et de l'instant présent. De la colère, de l'abandon et de l'acrimonie. On a parlé de beaucoup de choses en peu d'échanges; je voulais qu'elle ait l'espace qu'il lui fallait pour qu'elle revienne en étant certaine d'avoir pris tout ce qu'elle pouvait de ses milliers de pas. On ne fait rien pour rien. Elle était déjà fabuleuse, je me dis qu'elle reviendra lumineuse comme le Fleuve le dimanche matin, quand le soleil le transforme en un courant d'argent qu'on ne peut pas regarder de face tellement il brille. Enfin. J'exagère à peine. Je me sens lyrique. Et transportée d'amour.
4 commentaires:
Tiens, j'ai rêvé que je téléphonais à la mienne, cette nuit. Bizarre.
:0)
Tu pourrais.
Excusez mon arrivée mais, il le fallait, vu les circonstances. É., j'ai pensé à toi et à ta mère lundi, beaucoup! Encore du biz ici. J'ai fait des liens entre vous deux, des liens heureux, des traits communs positifs. Entéka.
Une collègue de bureau nous a donné des nouvelles de Compostelle, lundi aussi. Elle n'avait jamais été seule de sa vie mais elle est partie tout de même seule avec une grosse trouille. Mais elle n'est jamais seule, en fin de compte. Ça ressemble à un joyeux rassemblement ce trip-là.
oh oui, Doodle, on dirait ben que c'est pas reposant, Compostelle, question trip de groupe. M'man non plus n'a jamais été seule. J,aurais aimé qu'elle tente l'expérience quelques jours, mais même pas. C'est un foutu aimant, cette femme!
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