mardi 26 avril 2011

Soliloque

Je ne sais pas si je vais un jour parvenir à t'oublier. Je vais sûrement garder ta manière de couper les oignons et de faire caraméliser des échalotes françaises dans le vinaigre balsamique et le sirop d'érable. Je vais m'acheter une poêle en fonte striée et des nouvelles chandelles, je vais changer ma déco et mes coussins. Je vais mettre du turquoise ou du rose dans mon aura et m'acheter de nouvelles plantes grasses et douces. Je vais aussi continuer de regarder la cote des films sur IMDB avant de les louer, pour être sûre de ne pas regarder de la crap. Je vais continuer d'aller travailler au café le vendredi après-midi devant un grand cappuccino avec le couvercle en bec de canard. Je vais faire mes marinades, ma sauce à pizza, je vais tenter d'inventer des recettes et dormir du côté gauche du lit. Je vais encore rouler à l'aventure le samedi après-midi pour aller photographier les grèves ou les ponts couverts, je vais aller voir des shows toute seule, prendre une bière au bar le mardi soir, louer des séries et les écouter jusqu'à 4h du matin enroulée dans ma doudou. Je vais me bercer quand je serai trop seule. Passer mes mains en rond sur mon ventre pour me calmer quand je serai angoissée la nuit. Je vais m'étaler en diagonale, me lever à l'aube. Je vais sautiller, écrire, lire des journées entières, faire des feux sur la grève, travailler la terre, je vais tourner mon regard vers ceux qui en veulent et aimer en général au lieu d'être amoureuse en particulier.

Je vais traîner tes yeux et ton sourire dans une pochette de cuir fermée avec un petit cordon de laine. Je vais caresser mes souvenirs et me dire qu'après un chapitre vient un autre chapitre ou l'épilogue. Ça dépend. On finit toujours par parler des mêmes choses avec des mots différents parce qu'on ne réinventera pas la roue. Tout se résume à l'amour et à la perte et sans la tristesse, tout le monde sait que le bonheur n'existerait pas. Il suffit de naviguer entre les deux et de laisser les cases se remplir et se vider, comme les creux entre les rochers les jours de grandes marées. J'essaierai de trouver les mots qui parlent plus de la joie que de la tristesse pour ne pas me sentir ingrate et revêtir inutilement un costume de drama-queen en mal de spectacle. J'ai oublié certaines choses au courant des derniers mois. Je suis revenue ici pour m'en souvenir.

Pour paraphraser quelqu'un: Toute va t'être correct.

3 commentaires:

Gomeux a dit…

Huzzah!

Moi je paraphrasais quelqu'un d'autre en disant que toute allait être correct.
Et il a bien raison de le dire. Le bougre cycliste!

V. a dit…

Toute finit toujours par être correct, mais avant, il faut laisser le temps au temps... et réaliser que rien ne sera plus exactement comme avant.

Je me croyais correcte et tu vois, je me rends compte que d'énormes bouffées de nostalgie m'ont envahie en te lisant. Comme quoi on ne sera jamais totalement à l'abri de l'intensité des souvenirs...

Suis contente que tu aies repris le clavier!! xxx

Miléna a dit…

V. Oui. On aime ça l'intensité. Mais plus dans le présent que dans le passé. Ça reviendra.