mardi 1 octobre 2013

La gravité et l'espoir

J'ai de la peine pour toi, mon ami. Il y a tellement d'ombres qui s'accrochent à tes poils, tellement de notes graves dans le grain de ta voix. Tellement d'effondrements. Tes épaules ont l'air si fortes sous les dessins tatoués de tes escapades tribales, et pourtant. Pourtant tu dérives sur des lacs souterrains sans même voir la lumière parce qu'en ce moment, elle est réfugiée, comme toi, dans un lieu qui suinte une humidité repoussante. Il y a du varech qui sort de ton nez en pendouillant, une espèce de mousse filandreuse qui s'accroche à tes pupilles et qui entoile ton coeur. Ça te rend à la fois sauvage et extrêmement délicat, tu es une rose des sables et je sens les écailles fleurir et creuser les arabesques qui définissent tes rares sourires. Tu ressembles aux notes d'une contrebasse ou aux volutes des fumées que nous aimions capturer dans nos cheveux. Tu es la gravité et l'essence d'un espoir que nous cherchions toujours à cueillir. Cette tristesse qui goûte le fer et le tuyau de plastique, elle s'arrime aux papilles. Mais ne prononce pas le désespoir en lavant ta langue avec une guenille, viens juste déposer ton front sur mon comptoir de cuisine, je te ferai sentir du basilic et de la menthe fraîche. J'ouvrirai les fenêtres et tu pourras te jucher dans l'érable qui étend ses racines vers le haut. Je te bercerai entre mes seins et je prendrai tous tes mots comme les pieux d'une nouvelle clôture à ériger entre le roc et le sable, qui s'effrite et déboule.

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