mardi 22 janvier 2008
Musique
Tu te souviens des dessins que tu faisais d'elle? Ils explosaient sous tes mains, ils étaient tous les intervalles entre vos instants barricadés. Ils animaient ta pupille d'une lueur sauvage que je ne t'avais jamais connue, ta tignasse était tissée de noeuds à force de repasser les doigts dans tes mèches crades. Tu dansais en la regardant naître à travers les esquisses que tu traçais de sa peau. Ton atelier débordait de fumée illicite et de coussins revêches, tu avais du fusain sur les jointures et les joues. Ton odeur s'épandait à travers les puits ouverts dans le toit, je te trouvais si dingue, j'étais si jalouse du désespoir tenace qui te faisait créer ce qu'elle n'était pas encore tout à fait. Tu te rappelles tes éparpillures, tes rebonds colériques, ta rage impitoyable de la garder vivante? Présente et entière, sa voix en écho sur tes murs désormais vides? Les esquisses inachevées s'étalaient sur le parquet nase, quand tu rôdais entre les pages de son corps qui t'avait abandonné. Tu maniais les encres en soliloquant, les pieds nus dans les courants d'air. Et maintenant, où est-elle? Dans les galeries, ailleurs, loin de toi toujours. Elle danse sur les murs et dans les lumières dirigées par ton regard. Elle est belle.
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2 commentaires:
... je vois presque ce que tu veux dire, presque.
Magnifique. Une grande voilure translucide ! Comme un vitrail. ;0)
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