vendredi 5 octobre 2007

Comment dire

J'ai eu l'occasion il y a quelques jours de sortir des mots un peu pris au travers de la gorge pour donner des explications. À une question très personnelle et sensible. En général, je parle avec une facilité désarmante; à ce moment-là, j'étais vague et hésitante parce qu'il m'arrive de plus en plus souvent d'avoir peur de la façon dont ils franchissent le seuil. J'ai peur de leur poids, de ce qu'ils risquent de provoquer de rédition s'ils sont pris pour ce qu'ils ne sont pas. Peur aussi de la façon dont ils sont parfois colportés pour arriver en bout de course détraqués et corrompus.

Alors j'en ai ravalé la moitié et j'ai mis le bouchon sur la bouteille. Ce que j'avais à dire ressemble pourtant à une fumée bleue qui tournoie dans des rayons obliques. C'était léger et transparent, un peu éthéré, même. Je voulais simplement traduire des sensations diluées par le temps et l'espace, quand les images ont pris la place qu'elles méritent dans l'hémisphère gauche. J'ai fait l'huître et j'ai laissé la question en suspend. L'autre a levé un sourcil, je me suis levée et je suis sortie fumer une cigarette en maudissant cette façon à peine dissimulée de fermer la porte au nez de quelqu'un.

J'ai ensuite marché longuement en lui répondant dans ma tête. Mais les mots qu'on ne dit pas ne reviennent jamais, et s'ils ressurgissent à l'occasion, ce n'est jamais de la même façon.

12 commentaires:

Jean-Philippe Murray a dit…

Les mots sont faits pour êtres dits directement, pas seulement pensés.

Sinon, on ne parlerai pas.

Marius a dit…

Je crois que je vais me mettre à poser des collets. À la longue, Garenne, tes remarques deviennent insupportables.

Anonyme a dit…

Bien mystérieux, ce billet. Les mots qu'on ne dit pas ont leur vie propre. Ils mûrissent et se transforment. Ils se rapprochent ainsi de l'essentiel qui reste trop souvent indicible.

Miléna a dit…

Pierre-Yves: Je sais que ce billet est étrange. À sa relecture, je comprends qu'on puisse rester perplexe, mais il dit exactement ce que j'ai voulu dire parce que c'est celui que j'ai mis le plus de temps à rédiger pour être sûre de trouver les bons mots. Je joue de prudence, et plus j'avance dans cette blogosphère, plus je fais gaffe à ce que je dis. Je devrais peut-être arrêter de penser et écrire vraiment. J'y pense. Mais ça risque de créer des remous, alors je paraphrase un brin...

Anonyme a dit…

Qui protèges-tu Milena?? ton blog t'appartient, écris-y ce que tu veux, et comment tu le veux. En ne nommant personne, tu ne risque de blesser personne, à moins bien sûr que ce soit vraiment trop flagrant.

Miléna a dit…

Je me protège moi, Doparano. On ne sait jamais qui vient nous lire. J'ai appris très vite ma leçon. Mais j'ai bien envie de dire merde et de secouer ce foutu blog...

Anonyme a dit…

Bah moi je le trouve bien joli ce texte, tout mystérieux et indéchiffrable qu'il est. Pourquoi chercher à comprendre à tout prix?

Anonyme a dit…

Schnout! J'ai manqué les derniers dévelloppements, je sais pas pkoi t'as fait ce que t'as fait et ça m'intrigue!!!!

Anonyme a dit…

Ça m'arrive des fois aussi. De ne pas dire ces vents qui souffle ma poitrine, la plupart du temps je m'en félicite. Car le temps me démontre qu'il y a pas que des vents qui soufflent pour les grands voyages.

... On peut appeller ça de l'intuition.

Bref. J'ai bien aimé ton texte. Charmant. Moi je l'aime ainsi...Mystérieux.

Miléna a dit…

Merci Manon... et bienvenue chez moi. Je suis en train de me battre avec d'autres mots en ce moment. Je ne sais pas du tout ce que je dois dire ni comment le dire. Une sale affaire à régler. J'ai bien failli exploser hier soir mais je me suis retenue et j'ai bien fait. J'étais dans une colère noire de tempête, je soufflais et je piaffais. En faisant les cent pas sur le balcon. J'ai mal dormi à cause que ça me turlupine encore. Je suis devant une crevasse et je sais pas comment la franchir. Quelqu'un a une idée?

Anonyme a dit…

Moi, dans ce temps là, je vais faire au moins de 20 à 40 minutes de cardio au GYM, et je sens que le problème se place dans un ensemble.


J'ai pas beaucoup d'infos sur la crevasse en question.

Mais je suis certaine que si tu écoutes le besoin sous ta colère, et tu acquiert cette vision d'ensemble... Tu trouveras l'énergie de création nécessaire pour trouver la façon de règler ça...

Good Luck

M xx

Miléna a dit…

J'écoute, Manon, j'écoute mais je n'entends rien que le bruit fracassant des mots que j'ai envie de hurler. Les oreilles me silent tellement c'est fort. Mais je m'accorde un peu de temps. On verra bien ce qui sortira.