mardi 9 octobre 2007

Monamant

Je suis installée à plat ventre sur mon lit comme Carry Bradshaw quand elle écrit sa chronique en fumant et en battant des pieds comme une ado de 15 ans. J'ai les pieds sur l'oreiller et je ne peux pas fumer parce que je suis dans une chambre d'hôtel champêtre. Les murs sont carreautés, mon édredon est fleuri, il y a des tableaux buccoliques sur les murs et des meubles massifs en bois qui viennent sûrement d'un antiquaire de la région. Il y a même des pensées écrites sur les portes d'une belle main d'écriture de grand-maman: Travaille comme si tu n'avais pas besoin d'argent, aime comme si tu n'avais jamais été blessé, danse comme si personne ne te regardait. Ou encore: Si aimer est un crime j'en ai commis un grand car je t'aime tendrement.

J'avais rendez-vous avec quelqu'un qui n'est pas là. Imprévu majeur de l'existence, ça faisait des lustres qu'on devait se retrouver, je comptais les dodos qui me séparaient de LUI. De ses yeux posés sur moi comme des putains de braises incandescentes, de sa voix sur mes lobes et dans mon cou et sur mes lèvres, de ses bras tellement sexy qui me propulsent et de ses petits plis juste là, de ses grands éclats de rire qui font fondre toutes mes réserves et de cette façon particulière qu'il a de me faire sentir telle la grande déesse de l'amour et du sexe puissance mille qui fait décoller du sol et remplir l'espace d'atomes explosés et de grands frissons magistraux. Je viens de me retourner sur le lit vide comme une crêpe les bras en croix et les yeux au plafond à la seule évocation de la façon dont cette chambre pourrait être remplie.

Je l'appelle Monamant. En un seul mot. Avec une majuscule comme chacune de nos rencontres brèves et espacées. Qu'on garde tous deux en tête pendant des heures pour les frotter sur les parois du crâne et laisser déteindre les nuances de chacun des gestes, pour les empêcher de se dissoudre trop vite, pour retenir le grain des paroles et le métal du registre descendu des voix. Qu'on revoit à la loupe avec des brûlures aux paumes et des ramolissements de partout, qu'on protège des soupirs nostalgiques et des courbatures du coeur, qu'on chérit parce que c'est exactement ce qu'il nous faut. Je me jette sur le côté un oreiller callé entre les jambes. Je ferme la lumière.

Quand j'étais petite, avec mon père, on avait une plage secrète qu'il avait baptisée AKILAWI.

LUI, c'est carrément mon AKILAWI d'adulte. Une plage dissimulée que personne ne connaît, un endroit protégé où prennent place des histoires qui tiennent dans le silence, des échos à chacun des pas, le sol craquant de millions de minuscules coquillages nacrés qui restent pris dans les rainures de mes semelles. Des moments figés sur tout ce que je possède de contradictions, des minutes entières de brume opaque et de vaguelettes qui lèchent les pieds, des aubes frisquettes et humides, des départs précipités pour cause de marée haute.

Je reste sur le côté, un oreiller entre les bras.

15 commentaires:

Doparano a dit…

Elle est belle ton histoire, dommage que tu n'aies pas pu la partager.

'nique a dit…

Ça vient de me mettre "L'amour à la plage" de Niagara en tête.
:)

Anonyme a dit…
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Miléna a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
& a dit…

Nous sommes bien contents qu'il soit pas venu, le monsieur. Ça a donné un esti de bon texte. Je pèse mes mots. Le texte, est un jalon. Qui demeure. Et bâtit, n'est-ce pas ?


&.

ps
Je venais jamais ici à cause du titre... Je m'attendais à une molle prosaille sous-dix-neuvièmeuse à la DB. Au contraire, ça rocke !

Miléna a dit…

&: Contente que tu aies dépassé tes préjugés pour venir chez moi. Et merci du compliment, vraiment. Le texte est effectivement un jalon. Qui demeure. Mais je garde mon titre. Je l'aime.

Doparano a dit…

Tiens tiens... les échanges entre Zamants disparraissent... :)

Miléna a dit…

oui, thrillant, hein?

Doparano a dit…

ben... j'ai vu mieux en frais de thrill mais comme j'ai eu l'opportunité de lire la missive de l'amant et de trouver ça ben cute, je ne me plains pas.

Anonyme a dit…

On doit te donner ca, tu écris vraiment, mais vraiment bien...
mais derriere toute la romance et la reverie que tu donne a ton truc, il y a bel et bien une femme cocue n'est ce pas???... Et la cocue, qu'est ce qu'elle en penserait de lire les ébats de son époux sur intenet alors qu'elle le croyait Dieu sait ou??? Moi je me sentirait doublement cocue, triplement cocue!!Cocue cocue cocue. Bien sur toute ta petite clic de jeunes trentenaires célibataires, modernes, sexy, bisexuels, et ben ben ben open, aux valeurs on ne peut plus Dompierroises ( qui soit dit en passant ne m'epattent guere) dira que je suis une Sainte-Nitouche...
a choisir, sincerement, je choisi le respect et aussi l'intégrité et a bien y penser j'ajouterai meme toute la quiettude qui vient avec.
Je te souhaite la paix et aussi un véritable bonheur.

Miléna a dit…

anonyme: il n'y a pas nécessairement une cocue derrière un amant occasionnel. On peut aussi choisir de rester libre pour toutes sortes de raisons tout en vivant des émotions qui nous touchent. Je comprends ton point de vue et j'aimerais bien savoir qui se cache derrière toute cette hargne. Et j'aimerais aussi savoir ce que tu connais des valeurs dompierroises? Tu peux m'attaquer si tu veux (bien que je ne veux pas susciter ce genre de choses sur mon blob) mais ce n'est pas de lui qu'il s'agit, c'est de moi et de ce que j'avais envie d'écrire ce soir-là.

Miléna a dit…

J'haïs ça le monde qui parle de Dompierre à tors et à travers à tout propos. Ça me fout sacrément en rogne. Je l'aime beaucoup, c'est mon ami parce qu'il a un coeur grand comme ça et une tête comme personne. Et les valeurs à la bonne place. Et il est vachement marrant, il me fait rigoler comme pas un. Et il fait de la super bonne bouffe (hihi). Et il a changé ma vie, je l'avoue. En ouvrant plein de portes à l'intérieur de moi. Si je ne l'avais pas eu, j'aurais pété ma coche solide. Pardonnez moi si j'insiste, mais je suis fidèle à mes amis. À mes amours aussi. Quand j'en ai. Alors plus de vannes sur lui, d'accord? D'accord.

Doparano a dit…

Hey douce, n'entre pas la dedans. Oui t'as le droit d'avoir les amis et les amants que tu veux, t'as le droit d'en parler en long et en large ici si tu veux et ça ne regarde personne que ça rejoigne des "valeurs Dompierroise"(wtf??) ou pas.
Tu coucherais avec n'improte quel autre auteur que tu trouverais des détracteurs pour te fermer le clapet.

Personnellement je ne me suis même pas attardée à savoir de qui il s'agissait tellement je trouvait que les mots étaient beaux et senti.

kiss miss!

Miléna a dit…

T'as raison, Do, j'ai réalisé cette nuit en me couchant que je n'avais pas à me justifier. Mais j'ai été piquée et j'ai réagi sans trop y penser. Bref.

Monamant aussi a trouvé ça beau et senti. Et émouvant. Et c'était d'abord pour lui et moi que j'écrivais ça.

Doparano a dit…

C'est tout ce qui compte!