jeudi 7 février 2008

Coup de vent

Même lorsqu'il lui dit: Tu m'obsèdes, je t'aime, tu n'es pas comme les autres, avec toi, tout est plus facile...
Même lorsqu'il ajoute: Je te veux toute, je veux m'imbiber de toi, je veux ton corps en entier, tes yeux, ton sourire, tes cheveux, tes seins, ta chatte, tes cuisses...

Elle recule. Elle est rétive. Elle raccroche le téléphone en bafouillant et elle débarque chez moi à l'apéro avec un Château Haut Perthus, enneigée jusqu'au mollet, les joues rouges, essoufflée d'avoir grimpé le long escalier de la falaise sur les talons.

Elle ne sait pas trop quoi croire. J'ai beau lui parler devant notre verre de rouge et des chandelles avec Cat Power en trame de fond, toutes les deux enfoncées dans les coussins, j'ai beau fouiller dans ses yeux en tournant une boucle autour de mon index pour trouver ce qui la retient, essayer de savoir pourquoi elle se sauve de lui, pourquoi elle se fuit et comment, elle se rétracte aussi et ainsi devant moi à point tel que j'ai l'impression que ses mots retournent se cacher au même endroit que sa fureur. À l'intérieur d'elle, il y a une sauterelle en cavale.

Elle dit:
- J'ai peur.
- Je sais.
- Si je me cramponne à lui j'aurai le vertige...
Elle ajoute: J'ai peur des hauteurs.
- Je sais.

Elle me regarde. J'attends. Elle soupire en flattant la jetée. Elle pose son verre, le reprend, se mord la lèvre du bas pour enlever la trace de vin, soupire encore.

- Qu'est-ce que je vais faire?
- Vas le rejoindre. Tout de suite. C'est n'importe quoi sinon. Il t'aime.

Elle se lève tout à coup en avalant sa gorgée, remet son foulard et sa tuque, enfile son manteau en m'embrassant, puis elle dévale les escaliers de l'entrée en me criant: Je t'appelle!

6 commentaires:

Gomeux a dit…

Tiens nous au courant.
C'est beau cette histoire, on croirait voir Jeanne Moreau qui descend les escaliers.

Mek a dit…

Tu escalades les falaises avec voracité. Le spectacle de ton évolution est à la fois splendide et effarant. À se demander jusqu'où tu pourrais aller. C'est délectable.

Doparano a dit…

Je vois tellement la suite dans ma tête, le moment ou il lui ouvre la porte et qu'à corps perdu ils font l'amour pour l'ultime fois en espérant que toutes les prochaines seront les dernières....


Moi aussi je veux la suite.

Anonyme a dit…

Moi aussi!

Je vais commencer par savourer cette suite, même si j'attends un roman...

;o)

Miléna a dit…

Gomeux: Oui, c'est beau cette histoire... je vais la suivre pour vous. Et vous donner la suite, quand j'aurai des nouvelles.

&:Quand on me tend une perche, je la prends...

Do: Moi aussi, je voyais la suite, quand je me suis servi un autre verre de cette bouteille qui traînait à moitié pleine sur la table du salon! Je la connais, cette fille. Quand elle décide d'y aller, elle y va.

Varelie! T'es encore là? Je pense souvent à toi.

Gomeux a dit…

Où est passé la suite?
J'ai pas eu le temps de commenter.