lundi 9 juin 2008
Hantée
C'est troublant, toutes ces écailles de toi qui restent accrochées aux portes. Ton odeur de bois persiste encore dans cette partie de ma mémoire qui se juchait jusqu'à ton cou. En pleine lumière, je suis capable de plonger dans tes égratignures pour les examiner de près. Elles sont émouvantes parce qu'elles rappellent les années que tu as passées seul à chercher une issue. Quand tu lançais ton bras par n'importe quelle fenêtre ouverte pour déchirer l'absence et toucher enfin au vent chargé d'humidité, ce souffle qui te donnait envie de grimper les collines en souffrant et de les débouler en roulant dans l'herbe comme un enfant d'école. Je reconnaîtrais ton âme entre mille, elle est incrustée partout, elle se matérialise en contours flous qui m'obnubilent. Quand je crois l'apercevoir enfin, les poils de mes bras se dressent et j'accélère le pas; mon coeur marche loin devant pour être certain de ne pas rater l'exact instant où tu reviens me faire un signe silencieux. Parfois même, tu écris dans la suie, dans la poussière, dans les cailloux ou dans le sable, tu traces des lettres ou des signes que je suis seule à voir. Pour un peu je poserais un genou par terre pour balayer les brindilles qui empiètent sur les rhunes et les autres symboles si flous que tu laisses traîner partout pour moi. Pour un peu, je partirais en courant coller mon nez aux carreaux éventrés, je briserais mes ongles sur les loquets fermés, je grimperais même aux barreaux, à tous les barreaux, je grimperais pour atteindre ne serait-ce qu'une infime partie de ce que tu as laissé derrière toi, en ruine. Et je le reconstruirais.
À mains nues. Je le reconstruirai.
Et alors, les portes s'ouvriront à nouveau.
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12 commentaires:
Wo.
Puissant.
Jusqu'en on pense que t'as fini de nous blower, tu nous sors des trucs comme ça.
Frissons.
Fastueux ! Je me réincarnerai en grange, c'est tout vu !
Maudit que t'es hot Mel, mais tu m'a foutu une chair de poule pas possible là!
J’me les ferais bien, ces portes !
Et j’aime y entrer, dans ton univers. Ça d'la schlass, dirait Ambroise, car ça coupe !
Gom': Le plus frissonnant dans tout ça, c'est que je l'ai écrit en ne sachant pas d'où il venait, ce texte. On aurait dit que quelqu'un faisait bouger mes doigts tout seul. Je l'ai écrit d'une traite et quand j'ai eu fini, je me sentais vraiment euh... habitée. Troublant.
&: Tu es déjà une sorte de grange. Et merci pour le fastueux, c'est un mot riche.
Dopa: T'as eu la chienne? Mais pourquoi?
Doodle: Ça pourrait couper encore plus si je ne me censurais pas. J'y travaille...
Oh ooooh, alors là, j'ai hâte et j'te fais confiance.
"Jusqu'en on pense"??
Y a pas un concours pour les coquilles les plus invraisemblables?
Wow...
J'ai l'impression que vos photos sont meilleurs que celles de M. McComber, s'il vous plait que cela reste confidentiel.
Jo: Il ne faut pas exagérer! McComber est bien nanti photographiquement parlant (hihi). Moi je ne fais que "clichotter" tranquillement avec un appareil bidon. Mais merci. J'avoue que je les aime particulièrement. Elles font un peu peur, non?
Pas d'exagérations dans mes propos.
J'adore les peintures qui s'écaillent et tout ce qui va avec.
J'ai été peintre dans ma jeunesse.
Cette maison est superbe.
Peur? Je ne dirais pas ça, je suis un mâle d'un mètre 90, ce ne sont pas quelques planches qui me rétractent le fondement.
Un mêtre 90? Uhmmmmmmm... mais que peut faire un géant contre des fantômes? Hein? Moi je suis une femme d'un mètre 52 (du moins, je crois. En première année du primaire, je mesurais un mêtre 22. Ça me semble logique que j'en sois là maintenant :0). Bref, je suis petite et ce ne sont pas les planches qui me font peur, mais les bandits ou autre espèce qui peuvent se cacher derrière. Surtout dans la forêt, tel que stipulé en moult endroits sur ce blog.
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