Tu te réveilles parfois en pleurant, la nuit. Elle revient encore dans tes rêves pour te rappeler son absence. Cette nuit, elle avait le visage mauvais et les yeux crispés comme si c'est elle qui devait être en colère. Tu ne te rappelles plus les mots avec lesquels elle t'égratignait une fois de plus, ils sont évanescents, ils glissent trop vite dans l'inconscient; ils filent en ricanant alors que tu voudrais les rattraper pour comprendre ce qu'elle était venue te dire. Tu sais par contre qu'ils t'ont blessé puisque tu as mal au ventre, à la tête et au coeur. À la peau, aux yeux et à la nuque aussi. Tu es rompu et la gorge te brûle. Elle est enserrée par les souvenirs qui reviennent d'assaut.
La tristesse reste dans tes draps jusqu'au matin; elle s'étale même dans les plis de l'oreiller qui te barrent le visage comme des rides trop creuses et précoces. Tu gis sur le dos, les yeux immobiles, à te demander combien de temps encore elle reviendra te hanter. Tu te souviens qu'à travers les larmes, quand tu t'es à moitié éveillé pour la fuir, tu lui criais: Sors de ma tête! à voix haute.
Tu te retournes sur le côté et en posant ta main sur ma hanche, tu me demandes pardon de prononcer son nom.
7 commentaires:
Ça danse, tes textes, et parfois, comme ici, tu parviens à l'universel. Merci.
Je ne connais personne qui ne sait mieux que toi botter le cul à la tristesse. Faut laver tes draps.
J'ai un malaise. Je suis celui qui met la main sur la hanche. Avant que son nom ne me sorte plus de la bouche automatiquement, ça été long. Je ne veux pas qu'il sorte de ma tête ou de mon coeur mais je ne veux plus voir la tristesse dans les yeux de celui qui me regarde maintenant. Je prononce souvent son nom en le regardant. Ça nous fait du bien.
La logique veut que pour qu'un fantôme revienne nous hanter, celui ou celle qu'il était auparavant n'est plus de notre monde. Dès lors, il cessera d'oeuvrer quand celui qui le fait revenir cessera de lui accorder de l'importance, mais ce qui importe ici c'est que l'autre soit bien mort, et par là même la relation.
La logique te demande d'être rassurée.
Doodle: Oui, c'est long... mais ça finit par finir un jour, j'imagine.
Megane: je suis rassurée. À moitié...
(et bienvenue ici)
Pas besoin d'être mort pour être un fantôme et hanter quelqu'un.
Ton texte me fait penser à elle.
Celle qui me donne mal au ventre avec ses mots.
Universel, comme disait l'ami.
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