Aujourd'hui sur la route, j'ai croisé des dizaines de personnes le nez levé vers les branches. Plusieurs prenaient des photos, c'est évident, on n'avait pas vu ça depuis longtemps. Une ville magique qui se donne en spectacle, des rues enserrées dans des bras lourds qui tombent en formant des abris, des chapiteaux, des mails aux plafonds bas.
On ne voyait que les arbres.
Les miens ont les racines plantées dans un cimetière. Elles crochissent les pierres tombales aux noms à-demi effacés, et les troncs ont la forme de tous les dos qui s'y appuient l'été. Souvent, je vais dîner là, j'enlève mes sandales pleines de cailloux et je m'étends sur la terre. Au début, je croyais que c'était sacrilège que d'aller pique-niquer près d'une tombe. Puis les noms me sont devenus familiers, je touchais les pierres froides du bout des doigts pour leur dire que j'étais là, et je m'éloignais un peu pour trouver de l'herbe. J'y ai déposé des querelles horribles à une époque. Mais c'est un lieu étrange qui aspire les souvenirs pour les transformer en autre chose, une zone silencieuse dont on ne se détourne jamais. Alors je n'ai pas pu résister à les prendre en photo en pensant à ceux qui se reposent aussi au même endroit. Qu'ils soient vivants ou morts.
5 commentaires:
Voilà, tu touches un écueil et j'aime ça.
Tu écris tellement bien. Miléna, tout le monde, toute la terre a besoin de te lire et elle ne le sait pas.
Ta madame
Les écueils, Madame, je ne les touche pas, je fonce dedans.
Alors reste là, au cas où...
Tu sais que t'as l'oeil, en plus de la plume?
Ouais, tu sais.
On aime.
Et ils chantent, aussi ? Non ? Le chant-murmure…
J'étais dans ta ville jeudi et j'ai pas arrêté de m'exclammer tout haut combien elle était belle toute habillée de blanc comme ça. Au souper, j'ai changé de place à table pour voir l'immense arbre devant chez ma soeur se faire bombarder par les flashs des voisins qui voulaient l'immortaliser aussi.
Qu'est ce que j'aime l'hiver!!!!
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