Parfois pour rigoler, elle se dit qu'elle est comme le second violon. La troisième roue du carrosse, le quatrième jeudi ou le cinquième élément. Elle est à la fois sur toutes les lèvres et sur aucune, comme une rumeur, oui, qui passe en coup de vent et dont tout le monde parle avant de l'oublier.
Parfois, elle se dit qu'elle est comme le sixième sens. Celui qui fait peur, qui fait fuir, celui qui transpire par la langue et les pupilles et qui colle à la peau comme une sueur piquante qu'on s'empresse d'essuyer avec le coin d'une serviette rêche. Les regards s'attardent quand elle sourit au soleil, quand elle marche son foulard battant sur les flancs, les pieds dans la rue, à contre-courant. Elle pige dans les lueurs passantes des éclats dont elle s'enduit le visage et les bras, elle sait qu'ils ont la durée d'une demi-lune pâlotte ou la profondeur d'un ruisselet de dégel, quand la glace fond pour s'évaporer aussitôt en laissant de minuscules mirages traîner sur la route.
Parfois, elle se dit qu'elle est un chemin de traverse, ou une barque qu'on renverse sur le sable mouillé. Elle est un lieu de perdition et d'exil.
1 commentaire:
"Parfois", ce n'est pas mal d'être tout cela. Et puis, ce sont les génies qui vont en exil, disent les spécialistes.
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