dimanche 29 septembre 2013
Se faire un masque avec les embruns d'une chute
Marcher sur l'écaille des dragons, en photographier les strates pour faire des tableaux et se jeter les semelles dans la mousse des flaques. Avoir les yeux mouillés en lisant un roman sur la terrasse d'un café, se cacher dans l'ombre d'un pashmina turquoise, rentrer en évitant les lignes du trottoir pour conjurer le sort inventé par un enfant imaginaire, écouter le même cd pendant douze heures. S'étirer les mollets en serrant un arbre dans ses bras, les doigts accrochés dans les nervures, la joue posée contre l'écorce râpeuse, mêler sa sueur à la sève le pied enserré par ses racines. Arrêter la voiture pour caresser le ventre d'une oie tombée au combat, voir un ours bailler dans le Parc des Laurentides et tous les lacs figés dans la brume d'une aube évaporée. Se faire un masque avec les embruns d'une chute et l'arracher d'un coup sec puis regarder les flocons de peaux mortes se mêler aux plumes blanches d'un aigle. S'asseoir le dos sur un mur de ciment brûlé. Porter sur l'omoplate le décalque d'un tag qui ne s'effacera jamais, comme du fusain barbouillé sur l'iris d'un amant croisé par hasard. Se baigner dans les gouttes qui perlent au-dessus de sa lèvre et amener l'orage là où il doit éclater. Avaler son souffle, le recracher par la fenêtre ouverte les talons enroulés dans les rideaux. Partir en randonnée de 15 kilomètres avec de la poussière dans les espadrilles, revenir avec l'empreinte de l'été indien sur les bras.
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2 commentaires:
Comme j'envie la vie qui t'embrasse mon amie. Moi, je suis un peu morte à chacune de mes ruptures et j'arrive plus à retrouver cette beauté que toi tu vois partout... partout.
Je t'aime
Je t'aime aussi. Il y a tellement de choses que j'aimerais te dire...
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